Il aura fallu attendre l’année 2014 pour que la véritable identité du lieutenant « Mosquito », son nom de résistant, soit enfin connue.
De son vrai nom Salvador ESTRADA DILMER est né à Barcelone le 30 novembre 1914. Son père était aragonais et sa mère originaire de Banyoles, près de Girona. Quelques sources indiquent que Salvador aurait reçu une formation d’ingénieur à l’Ecole du Génie Civil, qu’il était cultivé et parlait très bien le français. « Militaire de carrière » et sans doute « capitaine », Mosquito est grièvement blessé pendant la guerre d’Espagne. Parmi ses nombreuses séquelles, il est affecté d’un boitement prononcé quand il entre en France par le port de Sète (27 janvier 1939).
Des éléments, à confirmer, laissent penser que Salvador aurait séjourné au camp de concentration de Gurs (près de Pau) puis aurait été affecté à Persan (Seine-et-Oise) au sein de la 222e CTE (Compagnie de Travailleurs Étrangers), environ 250 hommes commandés par un officier français. Aussitôt après la débâcle (juin 1940), les Espagnols des CTE qui n’ont pas été capturés par les Allemands, sont à nouveau internés dans des camps puis affectés dans les GTE (Groupements de Travailleurs Étrangers créés par Vichy). C’est ainsi que Mosquito se retrouve comme domestique agricole à Vayrac (Lot) avec « interdiction de circuler sans autorisation en dehors du périmètre de la commune ».
Novembre 1943 : c’est le moment choisi par Mosquito pour rejoindre le maquis de Montcuq. Cette période est celle où, avec Jean-Jacques CHAPOU (légendaire capitaine PHILIPPE, chef de la Résistance lotoise) se constituent trois groupes de Républicains Espagnols. Les noms qu’ils se sont choisis : « Liberté », « République » et « Fraternité » en disent long sur les idéaux qu’ils défendent. Ces Espagnols sont des hommes jeunes, aguerris, leur expérience militaire et leur courage vont être fort utiles aux combats qui s’annoncent. Au maquis, Salvador ESTRADA DILMER devient donc le lieutenant « Mosquito ». Il est chargé d’instruire les nouvelles recrues. Il participe aussi à plusieurs sabotages et embuscades.
Le 10 août 1944, un commando américain (une quinzaine d’hommes) s’installe secrètement à Montcuq (château de Charry, Q. G. du 6e Bataillon FTP-FFI). Le 14, ce commando reçoit l’ordre de faire sauter le pont SNCF de Lamagistère, sur la ligne Bordeaux-Toulouse, en prévision du débarquement du 15 août en Provence (événement que ce commando et la résistance ignorent encore bien sûr). L’opération va finalement se dérouler dans la nuit du 15 au 16 août… Les Américains, qui allaient devant, avaient en fait bifurqué pour se diriger par erreur vers un autre pont, celui où la voie ferrée franchit la Barguelonne. L’opération a échoué, Mosquito a été tué, un autre résistant grièvement blessé.
Quelques jours plus tard, alors que le département du Lot vient d’être libéré, le corps du lieutenant est rapatrié. D’imposantes funérailles ont lieu à Montcuq le 29 août. Il est inhumé sous le seul nom qu’on lui connaisse « Mosquito ».
Le 16 août 2014 une cérémonie dévoile sur sa tombe une deuxième plaque dévoilant sa véritable identité (source :
http://www.campduvernet.eu/medias/files/guerrilleros-n-135.pdf ).